La terre crue, un matériau de construction alternatif Abonnés
Avantages et inconvénients
Les avantages de la terre crue : un matériau abondant et résistant à l'usure du temps lorsqu’il est correctement protégé de la pluie, dont la fabrication consomme peu d’énergie contrairement à la chaux, les briques cuites ou le ciment, car elle ne nécessite ni cuisson, ni traitement chimique ; elle émet par conséquent peu de dioxyde de carbone, ne génère pas de déchets et est réutilisable indéfiniment (100 % recyclable). La terre n’est pas un matériau isolant mais elle possède une excellente inertie thermique, régulant les différences de température intérieure (frais l’été, chaud l’hiver). Enfin, les murs en terre crue régulent l'hygrométrie de l'air intérieur grâce à leur perméabilité à la vapeur d'eau et constituent un bon isolant phonique.
Les inconvénients : une mise en œuvre qui nécessite un savoir-faire et du temps, ce qui implique des surcoûts de main d’œuvre, un manque d’isolation thermique, l’absence de caractérisation technique du matériau. Un guide de bonnes pratiques de la terre crue et une étude de la sinistralité des ouvrages en terre crue, pour documenter, identifier et traiter les problèmes dédiés, sont cependant à l’étude. Il s’agit de donner un cadre permettant de qualifier et de donner une crédibilité à ces techniques, notamment pour les assurances et permettre aux bureaux de contrôle de garantir la réussite des opérations de construction.
De nombreuses techniques d’application
Différentes techniques existent suivant les caractéristiques locales de la terre. Chaque technique et chaque type d'enduit nécessitent des qualités et des dosages particuliers pour chacun des constituants (argile, sable, fibres végétales, graviers...).
Les murs en pisé se montent par tassement dans un coffrage d'un mélange de terre, de sable et éventuellement de graviers, avec un pilon de bois ou un marteau pneumatique. Ils ne doivent jamais être recouverts d'enduits non poreux à base de ciment ou de résines synthétiques, l'humidité ne pouvant alors plus s'évaporer. Ils offrent une bonne régulation de l'humidité et une bonne conservation de la chaleur.
La brique de terre crue, plus connue sous le nom de BTC (brique crue comprimée), implique l'utilisation de presses, avec ou sans adjonction de liant (chaux, ciment) ou de fibres (paille...). Elle offre de nombreux atouts : non-allergène, décorative, une résistance élevée, une régulation de l'humidité, une bonne isolation phonique, l’absorption des odeurs et de la poussière et une excellente inertie thermique. L’isolation du bâtiment par l’extérieur offre de meilleures performances thermiques et permet d’exploiter au mieux l’inertie de ce matériau. L’isolant doit être respirant et composé, de préférence, de matériaux naturels (enduit isolant type chaux-chanvre, panneaux en fibre de bois, liège...) ; mieux vaut donc éviter l’application d’une couche isolante entre le mur de briques en terre crue et l’intérieur du bâti.
La technique terre-paille est plus moderne, réalisée sur une ossature en bois, dont le mélange utilise plus de paille que dans le torchis.
Le damier est un mur qui alterne des blocs de terre et des gros galets, au rendu esthétique et original.
L’adobe, technique d’origine arabe, est une brique de terre avec un taux d’argile plus important, moulée à la main dans un moule en bois et séchée à l’air quelques jours, à laquelle s’ajoute de la paille pour en améliorer les caractéristiques isolantes.
Les enduits terre permettent de réaliser des enduits intérieurs chaleureux et durables ; des produits standardisés et prêts à l'emploi, dotés d'agréments techniques, avec une garantie de résultat, se sont récemment développés.
La bauge consiste à modeler de la terre mélangée à des fibres animales ou végétales sans moulage ou coffrage, permettant de lui donner la forme souhaitée. Écologique, elle utilise les matières premières présentes sur le site de construction, offre isolation et inertie thermiques, favorise les économies d’énergie en accumulant la chaleur pendant la journée pour la restituer progressivement le soir, ou en redistribuant le frais accumulé la nuit pendant la journée.
Enfin, le torchis-colombage est une technique ancienne uniquement utilisée en réhabilitation dans certaines régions.
Marie Brévière le 20 décembre 2018 - n°1117 de La Lettre de l'Environnement Local
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