Les réseaux de chaleur et de froid ont parfois la réputation d’être coûteux à déployer donc difficiles à financer et à rentabiliser. La ville de Courbevoie (Hauts-de-Seine, 83 327 habitants), qui a renouvelé en 2018 la concession avec son exploitant (Seinergie, une filiale de Dalkia), montre que les collectivités peuvent utiliser de multiples leviers d’optimisation. Ce réseau de chaleur et de froid alimente plus de 9 000 logements et près de 400 000 m² de surfaces tertiaires. Son premier atout consiste à valoriser les énergies renouvelables à plus de 50 % pour produire des calories à prix attractifs. Ainsi, Courbevoie a déployé des thermo-frigo-pompes pour récupérer dans la Seine les rejets de la centrale de froid du quartier d’affaires voisin de La Défense. Cette chaleur fatale circule à une température de 35°. Ainsi, la disponibilité de ces calories profite aux habitants du quartier de Charras (le complément de chauffage nécessaire étant apporté par une chaudière au gaz). Le projet de Courbevoie prévoit également des travaux d’agrandissement des réseaux de chaud et de froid (qui nécessitent de coûteuses canalisations calorifugées). C’est pourquoi, le programme de travaux (20 millions d’euros) s’inscrit dans une délégation de service public de longue durée (vingt ans avec 150 000 euros de rémunération annuelle attendue par le délégataire). Parmi les développements figurent l’approvisionnement en énergie verte en se connectant à la chaufferie biomasse de La Défense (pour compléter les besoins en chauffage de Courbevoie) ou encore l’extension du réseau de chaleur au nouvel écoquartier Delage. La chaleur y sera récupérée grâce à des échanges thermiques avec les canalisations d’eaux usées qui fourniront 4 à 6 % du mix énergétique.
Enfin, en complément des aides de l’Ademe, Courbevoie a eu l’idée de recourir au financement participatif. En contractualisant avec un opérateur spécialisé, Lendosphère, la ville a ouvert son plan de financement aux particuliers, en priorité aux habitants. En espérant réunir 500 000 euros, elle en attiré près de 50 % de plus. Les particuliers ont été convaincus par le rendement (5 % sur quatre ans) mais également par l’utilité de leur placement.
Jean-Philippe ARROUET le 24 septembre 2020 - n°1155 de La Lettre de l'Environnement Local