« En 2030, notre projet est de tendre vers l’autonomie énergétique » Abonnés
Je suis élu depuis 2008. J’ai été premier adjoint et adjoint aux finances. Notre démarche énergétique a débuté dès 2010 car nous nous posions des questions à la suite de la perte de dotations de l’État. Nous subissions une perte de recettes financières et nous voyons augmenter le coût de l’énergie. En 2015, nous avons équipé sept premiers bâtiments de panneaux photovoltaïques, dont 400 m² de toiture d’une salle de sport. A l’époque, l’énergie produite était revendue à 100 %.
Avez-vous étendu ce modèle de production d’électricité à tous vos bâtiments publics ?
En 2019, nous avions ce projet pour la nouvelle salle polyvalente, cependant le coût des travaux avait diminué, tout comme le tarif de rachat de l’électricité. Par conséquent, il devenait moins intéressant de revendre l’énergie qu’on produisait. Nous nous sommes tournés vers l’autoconsommation. Nous avons signé une convention avec Enedis pour faire communiquer tous nos bâtiments et transporter à d’autres l’énergie produite. Nous sommes également partis sur de l’aérovoltaïsme : nous récupérons l’air chaud sous les panneaux photovoltaïques pour le réintégrer dans les bâtiments.
Comment a surgi l’idée de couvrir votre cimetière de panneaux photovoltaïques ?
Nous avions la volonté de faire un projet collaboratif avec les habitants. Notre cimetière a été construit sur un marais remblayé. Par conséquent, nous avons souvent de l’eau, l’hiver entre les sépultures. C’est ainsi qu’est venue l’idée d’une grande pergola pour récupérer l’eau de pluie et l’utiliser pour arroser le terrain de foot voisin. Ensuite, nous y avons inclus des panneaux photovoltaïques translucides. Nous envisageons les travaux au printemps 2025.
Comment avez-vous associé la population à ce projet ?
En 2021, nous avons proposé aux habitants d’y participer à hauteur de 1 800 € par foyer, ce qui représente l’équivalent de quatre panneaux photovoltaïques. Au même moment, l’État a revalorisé les bases fiscales or nous avions un taux élevé de taxe foncière, ce qui nous a apporté 100 000 € par an de recettes supplémentaires. Nous les avons fléchés vers le remboursement de la centrale solaire. Par conséquent nous n’avons plus demandé de participation aux habitants.
Dès lors, quel demeure pour eux l’intérêt de ce projet ?
Ils consomment de l’énergie gratuitement, à condition de s’inscrire, moyennant cinq euros, à l’association « Brièr’Energie » et de transmettre leur numéro de PDL*. Aujourd’hui, sur 2 200 foyers, 600 à 700 l’ont fait. Pour une maison avec 80 € de taxe foncière, l’autoconsommation représente 250 à 300 €.
Comment appliquez-vous cette recherche de gains environnementaux et financiers à vos bâtiments publics ?
Nous essayons de minimiser nos consommations d’électricité et de gaz. En 2030, notre projet est de tendre vers l’autonomie énergétique. Nous travaillons sur un projet de stockage de l’énergie. Cela ne couvrira pas trois semaines sans soleil mais permettra d’« effacer » au maximum nos consommations**. Le photovoltaïque a un coût qui permet un investissement rapide pour libérer des bâtiments du chauffage au gaz, contrairement à la géothermie. Nous avons également investi dans l’isolation, les huisseries, le remplacement par une chaudière à condensation et l’installation d’une régulation de la chaufferie depuis la mairie. Nous avons réalisé 40 % d’économie d’énergie.
Comment financez-vous ces investissements ?
Les économies réalisées paient les investissements. Nous avons créé un budget annexe énergie pour la chaufferie et le photovoltaïque. Nous finançons ces gros projets en empruntant et nous nous remboursons sur la vente d’énergie qui représente 130 000 € par an pour huit bâtiments. Notre premier emprunt de 900 000 € court jusqu’en 2026. Ensuite, nous aurons 130 000 € de gains par an.
* point de livraison.
** L’effacement consiste à réduire sa consommation électrique au moment où le réseau est confronté à des pics d’appel de puissance. C’est aussi le moment où l’électricité est la plus chère.
Jean-Philippe ARROUET le 09 janvier 2025 - n°1248 de La Lettre de l'Environnement Local des communes et des intercommunalités
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