« Il faut de la solidarité au sein des syndicats d’énergie pour accompagner les communes les plus en difficulté » Abonnés
Il ne faut pas oublier les syndicats, en particulier d’énergie, qui sont « supra-intercommunaux ». Je suis vice-président du Syder (syndicat départemental d’énergies du Rhône) auquel 196 communes ont délégué la compétence éclairage public. Plutôt que de laisser chaque commune faire une rue, le Syder propose une « démarche performantielle » qui consiste à convertir 100 % du parc en LED avec une télégestion. Cela permet également d’être plus réactif en cas de problème sur un point lumineux et de gérer l’activation et la graduation de l’éclairage, selon les moments.
Comment financez-vous un tel investissement ?
Le Syder porte un emprunt pendant un ou deux ans dont le coût est absorbé par les économies d’énergie. Il a souscrit un emprunt de 30 M€ à 0,25 % (NDLR : avant la remontée des taux d’intérêt) et 140 communes ont adhéré au dispositif qui prévoit un remboursement sur 15 ans avec un différé d’un ou deux ans en fonction des économies d’énergie réalisées. L’éclairage public s’amortit avec le temps, sans aide de l’État puisqu’il ne nous a pas suivi, sinon à la marge. Le dispositif mobilise également des certificats d’économie d’énergie.
Quels gains de consommation attendez-vous ?
A Alix, nous avons voulu aller plus loin avec des détecteurs de présence qui éteignent l’éclairage quand la rue est déserte. Plutôt que 70 % d’économies d’énergie environ, nous allons parvenir à 85 % grâce aux détecteurs qui coupent l’éclairage à certains moments de la nuit. Notre investissement représente 75 000 € pour rénover 165 points lumineux avec un financement sur 15 ans. L’éclairage public nous coûtait 10 000 € par an avant l’augmentation des prix de l’électricité. Aujourd’hui, nous attendons une facture de 2 000 à 3 000 € par an.
N’est-ce pas la démonstration que la transition écologique peut se financer dans les petites communes ?
Les LED divisent les consommations par deux ou quatre. Le retour sur investissement en 15 ans n’ est cependant pas toujours possible pour les communes qui appliquent déjà une extinction nocturne. Elles ont plus de mal à amortir les travaux que les communes qui ne faisaient pas encore d’économies d’énergie. Les services de l’État devraient pouvoir aider ces communes qui ont été vertueuses puisqu’elles ont démarré bien avant les autres. Nous devrions également avoir une réflexion au sein du Syder. Il faut de la solidarité pour accompagner les communes les plus en difficulté. Même si cette solidarité existe déjà en partie puisque le Syder achète du matériel d’éclairage directement chez les fournisseurs et qu’il a passé un deuxième marché de prestations.
Vous évoquez les certificats d’économie d’énergie. Faites-vous appel à Actée* ?
Oui mais pas dans le cadre du Syder ni pour l’éclairage public. La communauté de communes Beaujolais pierres dorées a fait appel à Actée pour proposer un diagnostic de performance énergétique (DPE) aux communes pour des rénovations de bâtiments. 80 diagnostics environ ont été réalisés. Grâce au financement d’Actée, le coût à la charge des communes est de 400 €. Nous avons fait ce DPE dont nous attendons les résultats.
Vous avez envisagé d’équiper le toit de votre salle des fêtes de panneaux photovoltaïques, puis vous y avez renoncé. Pourquoi ?
La toiture en bac acier n’aurait pas supporté le poids des panneaux photovoltaïques. Nous n’avons cependant pas annulé le projet, nous l’avons différé pour le transformer en une rénovation du bâtiment qui inclura une nouvelle toiture à double pans, également plus esthétique. Ce bâtiment, qui date de 1981, est une « passoire thermique », or il est utilisé six jours par semaine pour les écoles, les associations... Nous anticiperons également les exigences du « décret tertiaire »**.
* « Action des Collectivités Territoriales pour l’Efficacité Energétique » (https://programme-cee-actee.fr/).
** décret n° 2019-771 du 23/07/2019 qui prévoit de réduire la consommation énergétique finale de tels bâtiments de 40 % d’ici 2030, 50 % d’ici 2040, et 60 % d’ici 2050.
Jean-Philippe ARROUET le 18 juillet 2024 - n°1241 de La Lettre de l'Environnement Local des communes et des intercommunalités
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