Comment concilier agriculture et domaines skiables ? Abonnés
La préservation des alpages
Elle est essentielle pour l’élevage et la production fromagère dans les massifs montagneux, en Auvergne (5 appellations d’origine protégée), en Isère (90 % des pistes de ski du Vercors sont pâturées en été), et en Savoie : en 30 ans, plus de 1 000 hectares de fauche ont disparu en Tarentaise, ce qui pose problème pour le respect du cahier des charges de l’appellation d’origine contrôlée (AOC Beaufort). En Maurienne, la moitié de la taxe communale perçue par Albiez-Montrond (voir encadré ci-dessous) est reversée aux agriculteurs consommant du fourrage produit sur place, soit 50 € par vache hivernée.
Sur le territoire de Flaine (Haute-Savoie), le plan de pâturage (800 ovins, 150 bovins) est établi en concertation afin de respecter les zones protégées (réserve naturelle, espace boisé classé, périmètres de captage), et l’exploitant participe à l’entretien des pistes d’accès et des clôtures. De même, dans le Giffre, où l’exploitant aide ses 10 salariés agriculteurs à débroussailler pour reconstituer des alpages (globalement, les agriculteurs représentent 6 % des saisonniers salariés des domaines skiables).
Les taxes sur les remontées mécaniques
La loi montagne du 9 janvier 1985 prévoit que les entreprises de domaines skiables versent une taxe proportionnelle à leur chiffre d’affaires à la commune où se situe le domaine, ainsi qu’au département. Le produit de la taxe peut notamment être affecté à des interventions favorisant le développement agricole en montagne.
La taxe communale (art.85, 86 et 87 de la loi) porte sur les recettes brutes des remontées mécaniques, au taux maximal de 3 % (art. L. 2333-49 du code général des collectivités territoriales). La taxe départementale (art. L. 3333-4 du CGCT) est soumise au même régime, notamment en matière d’affectation, et son taux maximum est de 2 % (art. L. 2333-49).
Pyrégraine : des semences pour végétaliser les pistes
La végétalisation des pistes intervient systématiquement après les travaux de terrassement des pistes. Les mélanges de graines s’améliorent, avec un recours aux semences locales, pour préserver la spécificité floristique d’altitude dans son milieu naturel de sols pauvres. L’utilisation de la flore de plaine en altitude nécessite en effet de fortes doses de fertilisants et une surconsommation de semences, d’où la disparition de la flore endogène.
Depuis 2000, le Conservatoire botanique national des Pyrénées et de Midi-Pyrénées a lancé le programme Ecovars+, pour préserver les milieux pyrénéens d’altitude en améliorant les pratiques de revégétalisation, sachant que 100 à 150 ha de pistes y sont terrassés chaque année. Le Conservatoire botanique a monté une filière de production de semences locales sous marque déposée : la filière Pyrégraine assure la collecte des semences dans des sites naturels d’altitude, le contrôle de la production en pépinière en limitant l’usage des produits phytosanitaires, et la commercialisation des lots de semences avec garantie de qualité et de traçabilité, l’objectif étant de restaurer la végétation des pistes avec des mélanges dédiés et selon des pratiques raisonnées.
Après 3 ans de test dans la station pyrénéenne de Peyragudes, le taux de recouvrement atteint 72 %, contre 54 % avec les semences commerciales, avec un dosage plus économique, de 100 kg/ha pour les semences Pyrégraine contre 250 kg/ha pour les graines commerciales. Or, selon l’ingénieur en charge de la restauration écologique, l’érosion est endiguée quand le recouvrement dépasse 70 %.
La gestion partagée de l’eau
Les retenues collinaires d’altitude fournissent 55 % des 15 millions de m³ d’eau prélevés chaque année dans le milieu naturel pour produire de la neige de culture. Dans une logique de gestion partagée de l’eau, elles peuvent servir à d’autres usages, baignade, pêche ou irrigation. Au printemps 2011, les opérateurs de domaines skiables des Alpes du Nord ont mis à disposition des éleveurs de montagne frappés par la sécheresse l’eau des retenues d’altitude.
www.domaines-skiables.fr et www.ecovars.fr/pyregraine-de-neou.html
Anne Lévy-Thibert
non signé le 24 mai 2012 - n°973 de La Lettre de l'Environnement Local des communes et des intercommunalités
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