Éditions Sorman

Créée pour répondre à l’expansion d’une zone périurbaine, au nord-ouest de l’agglomération toulousaine, la nouvelle station d’épuration (step) de l’Aussonnelle remplace 8 petits équipements obsolètes. L’Aussonnelle, petit affluent de la Garonne, où se déversaient les effluents des anciennes step, va ainsi retrouver des eaux de qualité. C’est désormais la Garonne qui recevra les rejets épurés de la nouvelle step, dotée d’une filière de traitement performante conforme aux normes anti-pollution.
La création de cette step en remplacement des précédentes traduit les objectifs de mutualisation de la communauté urbaine en matière d’assainissement. Il s’agit de renvoyer les effluents sur des ouvrages épuratoires adaptés, dont la dimension permet d’améliorer les rendements épuratoires et de contrôler les nuisances, tout en maîtrisant les coûts d’exploitation.
La nouvelle step, située sur la commune de Seilh, a une capacité de traitement de 85 000 équivalents habitants (EH). Elle complète le parc des 9 step du Grand Toulouse (actuellement 960 000 EH pour une population de 670 000 habitants), dont la capacité repose essentiellement sur la step principale de Ginestous Garonne (950 000 EH). En 2012, la capacité de traitement globale du Grand Toulouse atteindra 1 060 000 EH.

Un nouveau réseau de collecte des eaux usées

La création de la step s’accompagne de la construction d’un nouveau réseau de collecte des eaux usées, soit 28 km de canalisations installées le long de la vallée de l’Aussonnelle. Les collecteurs véhiculent les eaux usées de 9 communes raccordées, pour aboutir au poste de relèvement de la step de l’Aussonnelle. Pour limiter les impacts, les conduites évitent les habitations et passent sous des parcelles agricoles et naturelles. La pose des canalisations respecte la végétation et s’est accompagnée de nouvelles plantations.

Valorisation des déchets de traitement

La filière d’épuration se base sur le process développé par OTV (groupe Veolia Eau). Après les traitements ­physico-chimique classiques (dégrillage, dessablage, déshuilage, coagulation et floculation), intervient le traitement biologique, par décantation lamellaire et biofiltration, selon les procédés de filtrage biologique Multiflo® et Biostyr® (voir EL n°938). A la différence du traitement par bassins de boues activées, la voie biologique permet de réunir l’ensemble des équipements de traitement dans un seul bâtiment compact de 2 750 m2.
Les déchets d’épuration sont éliminés ou recyclés selon leur nature : les graisses sont dégradées sur site par voie biologique ; les sables sont valorisés en matériaux de remblais ; les refus de dégrillage partent en incinérateur ; les boues de décantation sont épaissies, stabilisées et centrifugées. Ces boues déshydratées sont ensuite dirigées vers la plateforme de compostage de Candélie ; le compost obtenu est mis à disposition du public et utilisé en valorisation agricole.

Maîtrise des nuisances

La step de l’Aussonnelle est implantée à 200 m. des habitations, d’où l’attention apportée aux nuisances environnementales, auditives et olfactives.. L’intégration paysagère du bâtiment se complète d’un rideau d’arbres et d’une passerelle vers la zone naturelle de la Garonne. Les locaux sont dotés de protection acoustique et anti-vibration. L’enlèvement des déchets et sous-produits s’effectue par un nombre réduit de rotations de bennes bâchées de grande capacité.
La step est équipée de trois tours de lavage ­physico-chimique, qui désodorisent 40 000 m3 d’air à l’heure. Le réseau interne de nez électronique OdoWatch® détecte en temps réel toute émanation nauséabonde pour éviter la diffusion vers l’extérieur, avec un risque limité car la zone sous le vent est boisée.
Le coût total du projet atteint 38 M €, soit 21,5 M€ pour l’usine et 16,5 M € pour les réseaux. Le financement par le Grand Toulouse, sur le budget annexe d’assainissement, représente 16,5 M € (43,5 %). Il se complète de subventions de l’Agence de l’eau Adour-Garonne à hauteur de 12,3 M € (6,8 M € pour la step et 5,5 M € pour les réseaux) soit 32 % du total, du Conseil général de la Haute-Garonne pour 9 M €, soit 24 % et d’une subvention de 200 000 € du Fonds national pour l’archéologie préventive (0,5 %).
Le Grand Toulouse étant maître d’ouvrage, la maîtrise d’œuvre revient à un groupement de bureau d’études du Cabinet Merlin. La construction est assurée par des entreprises de génie civil et des canalisateurs, la filière de traitement par OTV. L’exploitation, qui a démarré au premier semestre 2010, est confiée pour dix ans à Veolia Eau.

Anne Lévy-Thibert

non signé le 13 janvier 2011 - n°942 de La Lettre de l'Environnement Local des communes et des intercommunalités