« J’ai créé un service développement durable puis un agenda 21 pour définir les investissements prioritaires de la commune » Abonnés
Alors que je n’étais pas encore dirigeant de collectivité, j’ai été marqué par la phrase de Jacques Chirac : « notre maison brûle et nous regardons ailleurs » (NDLR : en ouverture du Sommet de la terre de Johannesburg, en 2002). Personne ne voulait admettre la situation dégradée ni la nécessité d’une prise de conscience collective. Quand je suis devenu maire en 2008, j’ai créé un service « développement durable » et j’ai pris des engagements dans un Agenda 21 pour définir les investissements prioritaires de la commune.
Votre commune fait partie de la Métropole européenne de Lille (MEL). Comment articulez-vous votre politique avec celle de la métropole ?
En tant que conseiller métropolitain, j’ai choisi la commission mobilité, logement et aménagement urbain. La MEL a un plan climat-air-énergie territorial (PCAET), un programme local de l’habitat (PLH) et un plan local d’urbanisme (PLU) qui vient d’être révisé pour intégrer la transition environnementale. La densité urbaine est à l’ordre du jour : on ne peut plus faire de l’étalement urbain en prenant de la bonne terre à culture, il faut donc densifier les villes. Et aussi pour des raisons de mobilité, car l’étalement engendre des mobilités polluantes.
Mouvaux vient d’adopter un « Agenda 2030 » qui succède à l’Agenda 21. Quelles en sont les enjeux ?
Notre commune a une population qui vieillit et le prix de l’immobilier fait partie des plus élevés de la MEL, nous avons donc peu de primo-accédants. La commune compte par ailleurs 75 % de résidences individuelles, or les propriétaires n’avaient pas cette sensibilité environnementale. Ils se comportaient souvent comme des consommateurs. J’ai donné une prime de 50 € pour l’achat de composteurs et j’ai communiqué sur les avantages puisqu’il suffit de mettre des déchets végétaux dans un composteur pour avoir du terreau gratuit. Aujourd’hui, un tiers des propriétaires possède un composteur. C’est plus compliqué dans les résidences collectives où nous avons installé des composteurs partagés auxquels chacun accède avec un code pour jeter ses déchets.
La biodiversité est un des quatre piliers de votre Agenda 2030. Comment cette orientation se traduit-elle ?
Ma commune est résidentielle, avec des espaces verts, et je veux sauvegarder la biodiversité. Au moment de la reconstruction du centre-ville, nous avons planté une centaine d’arbres : des chênes, des hêtres, des fruitiers, et ces plantations ont fait revenir les vers de terre. Comme ils creusent des réseaux souterrains, il y a moins de flaques et d’inondations. Certes, cela ne règle pas le problème mais ça y participe. Nous avons par ailleurs des canards, des lapins, des hérissons et des oies. J’ai fait réaliser une étude sur les quatre saisons avant de lancer ces aménagements.
Vous avez adopté une gestion différenciée mais également pédagogique des espaces verts.
Dans le parc du Hautmont, nous avons des « zones refuges » dans lesquelles nous laissons pousser l’herbe et qui ne sont pas accessibles au public. Quand un arbre meurt, nous laissons une partie du tronc plutôt que de le raser afin que la biodiversité s’en nourrisse. Nous partageons nos savoirs avec les habitants en proposant, une fois par mois, des ateliers libres et gratuits pour apprendre à tailler les arbres, à planter des graines. Je prévois également de transformer un bâtiment qui deviendra la « maison des transitions environnementales et des solidarités ».
Votre démarche d’élaboration de l’Agenda 2030 a été participative. Comment s’est-elle déroulée ?
C’est le résultat d’une collaboration qui a duré deux ans, avec quatre groupes : « Mobilité », « Oasis et biodiversité », « Usages » et « Vivre ensemble ». Nous avons lancé une enquête et proposé aux habitants de participer à l’élaboration de cet Agenda en se joignant aux réunions une fois par mois dans une ambiance conviviale. Nous faisions à ces occasions une présentation puis nous laissions les participants s’exprimer. On peut presque parler de « co-animateurs ». Nous avons récolté un millier de contributions dont certaines très inspirantes.
Jean-Philippe ARROUET le 07 novembre 2024 - n°1246 de La Lettre de l'Environnement Local des communes et des intercommunalités
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