Le désherbant pélargonique : un nouvel herbicide « écologique » mais controversé Abonnés
Le désherbant pélargonique est un herbicide nouvelle génération contenant de l’acide pélargonique, substance active végétale (présente dans les pélargoniums, rosiers, colza). Non sélectif, il est efficace à la fois sur les dicotylédones et les graminées au stade jeune, en particulier sur le chiendent, la prêle, les plantains, le pissenlit, les chardons, les liserons, les orties et les mousses.
Il est adapté au désherbage des allées de parcs et de cimetières stabilisées ou sablées, des trottoirs gravillonnés, des rosiers et pépinières d’arbres et arbustes, des cultures florales, des plantes vertes et des bulbes ornementaux.
Mise en œuvre
Pour une bonne efficacité, ce désherbant s’emploie dans une solution diluée (à environ 16 %) en versant 1 litre de produit dans 5 litres d’eau. Un litre de solution obtenue permettant de traiter 10 m2. L’acide pélargonique utilisé seul est peu efficace car il brûle les feuilles mais ne détruit pas la racine. De fait, la plante se régénère donc sous une dizaine de jours. Cependant, l’effet demeure important lorsque le produit est utilisé dans la bonne fenêtre physiologique et météorologique.
Pour préparer la bouillie : remplir la cuve du pulvérisateur aux deux tiers d’eau, ajouter le désherbant pélargonique préalablement agité, puis compléter avec le volume d’eau requis en veillant à un bon mélange de la préparation. Le volume de bouillie doit être de 800 à 1 000 litres par hectare.
Pour appliquer la bouillie : utiliser un pulvérisateur muni d’une rampe avec cache de protection et buses à jet plat ou pinceau et veiller à bien recouvrir l’ensemble de la plante à détruire. L’eau de rinçage du pulvérisateur ne doit en aucun cas être jetée dans le réseau d’assainissement, un cours d’eau ou tout autre point d’évacuation d’eau.
L’épandage, la vidange ou la réutilisation des fonds de cuve, ainsi que le rinçage externe du matériel, sont autorisés dans les conditions définies par la réglementation (arrêté du 12/9/2006 relatif à l’utilisation des produits phytopharmaceutiques).
Conditions d’emploi
Le désherbant pélargonique s’utilise uniquement avec un pulvérisateur muni de caches de protection. Afin de prévenir les risques pour la santé, il est recommandé de porter des gants pendant les phases de mélange, de chargement et d’application, de porter un vêtement de protection imperméable pendant l’application, d’éviter le contact avec des matériaux en cuivre, zinc ou résines synthétiques, de ne pas utiliser la préparation sur des sols ou des surfaces imperméables telles que le bitume, le béton, les pavés, et dans toutes les situations où le risque de ruissellement est important, de traiter de préférence quand la température extérieure est inférieure à 25 degrés.
À savoir : le désherbant pélargonique s’emploie entre le début du printemps et la fin de l’automne (entre 10 et 25°c) sur adventices déjà levées (entre 5 et 10 cm), à raison de deux applications annuelles maximales.
Un produit à l’usage controversé
Même si cette molécule du désherbant pélargonique est naturellement présente dans l’environnement, elle est considérée comme un produit phytosanitaire nécessitant une Autorisation de Mise sur le Marché (n° AMM) et soumise à des préconisations d’application (absence d’utilisation à proximité des zones non traitées, mesures de protection des utilisateurs, consignes d’utilisation vis à vis de l’environnement…).
Aujourd’hui, l’utilisation de ce désherbant n’offre pas le recul nécessaire pour connaître précisément son éventuelle dangerosité, pour l’homme comme pour l’environnement. Les différentes fiches de données de sécurité fournies par les fabricants confirment le caractère corrosif de la molécule, qui provoque des brûlures de la peau, des lésions oculaires graves et des lésions des voies respiratoires. Les données éco-toxicologiques indiquent une dangerosité pour les écosystèmes aquatiques plus importante que celle du glyphosate. Enfin, son coût est conséquent si les surfaces à traiter sont importantes (compter entre 250 à 300 € le bidon de 5 L).
À retenir : qualifié d’écologique, l’acide pélargonique n’est pas un produit « bio ». De fait, il n’est autorisé ni en culture biologique, ni dans la Charte « Terre Saine ».
Marie Brévière le 19 septembre 2019 - n°1133 de La Lettre de l'Environnement Local des communes et des intercommunalités
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