Éditions Sorman

La nappe aquifère multicouche du calcaire de Champigny alimente en eau potable un million de franciliens, d’où l’intérêt de réduire les pollutions autour des forages vulnérables, notamment les captages classés prioritaires par la loi Grenelle II. Les propriétaires des champs captants concernés, le SEDIF (Syndicat des Eaux d’Île-de-France), Veolia et Lyonnaise des Eaux -Eau du Sud Parisien viennent de signer avec l’Agence de l’eau Seine-Normandie un contrat d’animation pour préserver la qualité de l’eau des captages. Conformément aux objectifs de la Directive cadre européenne et du SDAGE sur le bon état des masses d’eau, le dispositif du contrat d’animation formalise l’engagement des partenaires de développer des actions de gestion et de protection de la ressource sur les territoires concernés. Le contrat de captage signé par ces partenaires publics et privés du domaine de l’eau est un contrat d’animation, qui vise à protéger en priorité les captages de la Fosse de Melun et de la Basse Vallée de l’Yerres.
Le contrat porte sur la période 2014-2018 pour un montant de 2,7 M€ d’animation. Il est soutenu à 70 % par l’Agence de l’eau (AESN), les 30 % restant étant apportés par 3 producteurs d’eau, le SEDIF, Veolia et Lyonnaise des Eaux. Le déploiement du contrat de captage est prévu sur 63 communes de Seine-et-Marne, de l’Essonne et du Val-de-Marne et 260 exploitations agricoles représentant 32 000 hectares de parcelles. Le plan d’actions cible l’aire d’alimentation des captages concernés : Périgny-sur-Yerres (voir EL n° 889) et Mandres-les-Roses pour Lyonnaise des Eaux-Eau du Sud Parisien, Boissise-la-Bertrand pour Veolia et Vert-St-Denis pour le SEDIF.
La mise en œuvre du plan d’actions repose sur un pilotage partagé entre les producteurs d’eau et l’AESN, appuyé sur l’expertise de la Chambre d’agriculture de Seine-et-Marne, de la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI 77), et de l’association AQUI’Brie (voir EL n° 905).

Des actions agricoles, industrielles et urbaines, et un suivi de qualité et d’impact
Le contrat comporte 4 volets, dont 3 volets d’animation et un volet de suivi et d’évaluation, détaille Christian Salomé, de l’AESN (Chef du service Investissements Collectivités à la Direction territoriale des rivières d’Île-de-France).
L’animation des actions agricoles, assurée par la Chambre d’agriculture, vise à réduire la pression en fertilisants azotés et produits phytosanitaires sur l’aire d’alimentation des captages. L’information des exploitants agricoles fait la promotion des bonnes pratiques, protection biologique intégrée et agriculture biologique. Les objectifs sont très ambitieux, souligne Christian Salomé : diagnostiquer 80 % des exploitations, convertir 30 % des exploitations au désherbage mécanique, atteindre 12 % de la surface agricole utile en agriculture biologique, permettre à 100 % des agriculteurs d’accéder à une aire de lavage des pulvérisateurs, aménager 30 % des dépressions qui infiltrent les eaux directement dans la nappe…
L’animation des actions industrielles est confiée à la CCI 77, avec mission de réduire les risques de pollution liés aux entreprises et aux zones d’activités. Il s’agit d’accompagner les entreprises pour diagnostiquer et mettre en conformité leurs modalités de rejet au milieu naturel ou au réseau d’assainissement.
L’animation des actions urbaines est portée par l’association AQUI’Brie, en complément des actions du contrat de nappe du Champigny (voir EL n° 890), qui visent à réduire l’usage des pesticides pour la gestion des espaces publics. Ce volet urbain cible de nouveaux interlocuteurs - bailleurs sociaux, gestionnaire de l’aérodrome de Melun-Villaroche -, ainsi que les points de vente de pesticides. AQUI’Brie doit aussi surveiller la qualité de l’eau des captages et du milieu, et évaluer l’impact des actions, en s’appuyant sur le modèle hydrogéologique et sur la connaissance des transferts des pollutions par les nitrates (voir les modélisations de nappe sur les sites eau.seine-et-marne.fr et www.aquibrie.fr).

Anne Lévy-Thibert

non signé le 06 février 2014 - n°1010 de La Lettre de l'Environnement Local des communes et des intercommunalités